Il est temps de se mouiller pour protéger nos océans !
Pourquoi et comment ?
Le 8 juin est la journée mondiale des océans. Depuis le sommet de Rio en 1992, nous célébrons la beauté et la fragilité de cet écosystème. Au XIXe siècle déjà, Charles Baudelaire avait compris la proximité entre l’homme et les océans.
« Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme »
Entre Surchauffe, acidification, asphyxie, pollution, algues… C’est un reflet bien morose de l’âme humaine que nous renvoient les océans.
En effet, ce ne sont ni plus ni moins que 8 millions de tonnes de plastiques que nous déversons chaque année dans les mers et les océans. C’est l’équivalent d’un camion poubelle qui se déverse chaque minute dans les océans. 450 ans, c’est le temps nécessaire à une bouteille en PET pour se dégrader. Ce constat est effarant et menace sérieusement la vie aquatique. Aujourd’hui, ce sont 693 espèces marines qui sont directement menacées par la pollution plastique (ocean.campus.fr). Eh oui, les débris constituent des leurres pour la faune qui les confond avec ses proies habituelles. C’est l’exemple bien connu des tortues qui confondent des sacs avec les méduses, mais les oiseaux piscivores sont également fortement impactés ! Les scientifiques estiment même à 90% le nombre d’oiseaux marins qui posséderaient du plastique dans leur estomac ! Et cela ne concerne que les macros plastiques…
Les microparticules (moins de 5 millimètres) sont, elles, encore plus nombreuses et tout autant nocives. Ils seraient en effet présents dans tous les océans (étude 5 Gyres) et pourraient avoir des conséquences pour notre santé ! Après ingestion de ces déchets par la faune océanique (plancton, poisson…). Ces micros plastiques s’accumulent dans tous les organismes marins qui se retrouvent ensuite dans nos assiettes. Ils ont été découverts chez 114 espèces aquatiques. Ces particules ont tendance à absorber les substances polluantes qui se trouvent à la surface de la mer et qui vont s’accumuler dans les espèces que nous consommons. Les micros plastiques ont-ils des répercussions sur la santé humaine lorsque nous consommons des produits de la mer ? C’est une hypothèse qui reste à confirmer. Ils pourraient agir comme perturbateurs endocriniens, gênant ainsi la production normale du matériel génétique nécessaire à la reproduction. Ce qui pourrait engendrer des soucis lors de la formation des fœtus. Ils sont également soupçonnés d’être responsables de certains cancers.
L’Homme est responsable de la santé des océans. La surpêche est une source de perte de biodiversité importante pour les milieux marins. C’est le cas du mérou rayé (Epinephelus striatus) aux Caraïbes qui a vu ses populations passer proche de l’extinction. Seules des réglementations très strictes ont permis de sauver l’espèce. Si la pêche est de plus en plus réglementée pour les espèces que nous pouvons retrouver sur l’étal de nos poissonniers (thon, saumon, mérou…). Ce n’est pas le cas pour les autres espèces. L’aquaculture induit également des impacts important sur les écosystèmes : l’alimentation des poissons d’élevages est en majorité issue de farine de poisson qui sont surexploités (un exemple bien connu est l’anchois péruvien). N’oublions pas que la pêche est également responsable de la capture involontaire de certaines espèces. Ce sont les prises accessoires, ni plus ni moins que 300’000 petites baleines et dauphins, 250’000 tortues caouannes (espèce menacée) et tortues luth (espèce gravement menacée) et 300’000 oiseaux de mer qui sont ainsi tués accidentellement pas nos activités chaque année dans le monde (WWF).
Nous transportons également toujours plus de marchandises via le fret maritime. Ce qui favorise la prolifération d’espèces invasives. En effet, celles-ci sont généralement contenues dans les ballasts des bateaux (sous la forme d’œufs ou de juvéniles le plus souvent) qui une fois à destination purgent les ballasts, permettant ainsi à l’espèce de coloniser le milieu. Toutefois, si celles-ci parviennent à voyager et s’introduire dans un nouvel écosystème, cela n’est pas pour autant signe d’invasion. En effet, toutes ne survivent pas dans ces écosystèmes. Une espèce est considérée comme invasive dès lors ou elle arrive à se reproduire dans le nouvel écosystème et augmenter la taille de ses populations. Si peu d’espèces en sont capables, les conséquences peuvent toutefois s’avérer désastreuses. C’est le cas par exemple de la rascasse volante (Pterois volitans) introduite dans les années 1990 en Floride et qui aujourd’hui a colonisé toutes les Caraïbes et l’Atlantique Est, du nord de l’Amérique jusqu’au nord du Brésil. Elle est aujourd’hui responsable de la perturbation importante de tout l’écosystème, car les autres espèces ne la reconnaissent pas en tant que proie, elles sont naïves face à ce nouveau venu. Ainsi la capacité de chasse de la rascasse est décuplée ce qui entraîne une diminution des populations natives et de la compétition avec les autres espèces.
La faune n’est pas la seule concernée par nos activités. En effet, les récifs de corail qui abritent un tiers des espèces marines et protègent les côtes des raz-de-marée sont aujourd’hui menacés par l’acidification des océans comme le démontrent les études scientifiques. Ce phénomène est une conséquence des rejets accrus de CO2 dans l’atmosphère, dont une partie est recyclée dans les océans. Le pH de l’eau de mer est ainsi passé de 8,2 avant la révolution industrielle à 8,1, aujourd’hui, et pourrait même atteindre 7,9 ou 7,8 d’ici la fin du siècle selon certaines études. Ce qui a pour conséquence principale d’affecter la capacité de renouvellement du plancton océanique. Les espèces qui le composent deviennent incapables de structurer leur squelette calcaire (qui se dégrade avec des pH acides) ce qui entraîne une diminution de la taille de leurs populations. Malheureusement celles-ci sont à la base de la chaîne trophique et elles contribuent à l’oxygénation des milieux. Leur disparition pourrait ainsi entraîner un appauvrissement du milieu en oxygène qui conduirait à la disparition de certaines espèces.
Les coraux sont également impactés par ce phénomène d’acidification, car leur structure est affaiblie par ces changements de pH. De plus, les gaz à effets de serre que nous émettons chaque année participent activement au phénomène de réchauffement climatique, ce qui a pour conséquence d’augmenter la température des mers et des océans. Or, l’élévation de 2°C ou 3°C de la température de l’eau provoque le blanchiment des coraux qui est une rupture de la symbiose entre les algues unicellulaires et les coraux. À terme, cela peut entraîner la disparition de nombreux récifs coralliens, car les coraux ne peuvent pas vivre sans cette symbiose. Les activités touristiques (plongée, snorkeling…) sont également source de dommages pour ces organismes. N’oublions pas d’admirer leur beauté sans les dégrader ! Aujourd’hui ce sont 40% des récifs coralliens dans le monde qui sont menacés (essentiellement dans l’océan indien et dans les caraïbes), tandis que 10% sont irrémédiablement perdus. Les 50% restants sont menacés à plus ou moins longue échéance par le réchauffement climatique.
Et ce n’est pas tout, nous continuons à utiliser des engrais qui favorisent la croissance des algues dans les milieux aquatiques. En effet, c’est le phénomène bien connu de l’eutrophisation, l’apport excessif d’azote sur nos cultures favorise la croissance des algues ; les nitrates en excès sont rejetés dans les rivières et parviennent jusqu’à la mer. Malheureusement, les algues appauvrissent le milieu en oxygène, ce qui contribue à une diminution des espèces de poissons. Les conséquences pour la biodiversité peuvent ainsi être dramatiques, car c’est toute la chaîne trophique qui est ainsi perturbée.
Cependant, nous pouvons toujours agir en « Homme libre ». Libre de choisir des produits venant de la pêche responsable ou de l’agriculture biologique. Libre d’acheter localement pour réduire le flux de porte-conteneurs sur les grands axes marins et limites l’invasion des espèces. Libre de respecter l’origine des espèces et de les laisser vivre dans leur milieu natif. Libre de limiter notre usage de plastique et de réduire nos émissions de gaz à effets de serres pour limiter la pollution et les conséquences pour la biodiversité. Libre de prendre soin de notre planète et de la préserver tout simplement !
Alors, prenons les choses en main ! Chaque initiative compte et participera à la sauvegarde de ce merveilleux écosystème. Il est temps d’agir…
Redevenons libre de contempler la pureté et la beauté de notre « âme » sans nous soucier de son avenir incertain.
Membre du Comité consultatif technique du PEF (Product Environmental Footprint).
Membre du comité des partenaires de l’affichage environnemental