Quand l’agriculture régénératrice devient un atout mesurable pour la performance et la communication des entreprises
Selon l’Agence européenne pour l’environnement, l’agriculture intensive entraîne une perte importante de biodiversité (monocultures, suppression des haies, spécialisation), une forte érosion des sols qui dépasse le taux de reconstitution naturel, des émissions élevées de gaz à effet de serre ainsi qu’une pollution diffuse des eaux due à l’usage excessif d’engrais.
Pourtant, les sols fournissent des services écosystémiques essentiels (Figure 1). L’agriculture régénératrice est un concept qui vise à permettre au sol de rendre ces services tout en assurant les fonctions agricoles.

Qu’est-ce que l’agriculture régénératrice ?
Au contraire du bio, il n’existe pas de norme internationale légale pour définir l’agriculture régénératrice. Différents organismes en proposent des définitions. En voici une liste non-exhaustive
- FAO (Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) : systèmes agricoles holistiques qui, entre autres avantages, améliorent la qualité de l’eau et de l’air, renforcent la biodiversité des écosystèmes, produisent des aliments riches en nutriments et stockent le carbone afin d’atténuer les effets du changement climatique.
- ONU (PNUD) : L’agriculture régénératrice est une façon de cultiver qui protège la santé des sols et la restaure et, en conséquence, réduit l’utilisation de l’eau, prévient la dégradation des terres et favorise la biodiversité.
- WWF : Approche holistique et fondée sur des principes de l’agriculture et de l’élevage qui produit des résultats positifs sur les plans environnemental, social et économique. Il s’agit d’une approche systémique axée sur les résultats, et non d’une liste de pratiques « universelles ».
- Rodale Institute (pionniers du terme): un système qui, à mesure que la productivité augmente, renforce la base biologique de notre production agricole et de nos sols.
Bien qu’il existe des divergences entre chaque définition proposée, la majeure partie des acteurs internationaux de l’agriculture régénératrice semblent s’accorder sur certains points :
- Objectif : Restaurer et améliorer la santé des sols, des écosystèmes et des cycles naturels, tout en produisant des aliments de qualité et en luttant contre le changement climatique.
- Principes de base :
- Santé des sols : Augmenter la matière organique, la biodiversité microbienne et la structure du sol.
- Séquestration du carbone : Capturer et stocker le CO₂ dans les sols et la biomasse.
- Biodiversité : Favoriser la diversité des cultures, des espèces et des habitats.
- Résilience : Adapter les systèmes agricoles aux changements climatiques et aux chocs environnementaux.
- Approche holistique : Intégrer les dimensions écologiques, sociales et économiques
Nous utiliserons par la suite la définition fournie par la FAO :
DEFINITION : L’agriculture régénératrice décrit un ensemble de systèmes agricoles holistiques qui, entre autres avantages, améliorent la qualité de l’eau et de l’air, renforcent la biodiversité des écosystèmes, produisent des aliments riches en nutriments et stockent le carbone afin d’atténuer les effets du changement climatique. |
La méthode PBF+
Introduction
La méthode PBF + a été développée par Sayari, en lien avec l’INRAE et l’ITAB, à partir des méthodes PBF (Asselin et al., 2020), BVI (Lindner et al., 2019) et BioSyScan. Elle permet d’affiner les informations sur l’usage des terres et de prendre en compte un continuum de pratiques agricoles en ACV (Analyse de Cycle de Vie).
Elle est particulièrement pertinente pour évaluer les bénéfices associés à l’agriculture régénératrice. De la même façon que PBF, elle prend de plus en compte les éléments de géographie.
Nous présentons ici la méthode et les résultats d’une étude de cas fictive.
La méthode
Les pratiques prises en compte par la méthode PBF+ sont présentées dans le Tableau 1 :

La méthode PBF+ consiste à préciser comment sont appliquées ces catégories aux cultures d’intérêt : labour rare, absence de haies, moitié des sols couverts…
Nous déterminons alors un score biodiversité pour chaque pratique exercée dans un système de production. Le score biodiversité du système de production (Figure 2, étape 1) est ensuite calculé comme une pondération des scores biodiversité des pratiques présentes sur le site d’exploitation en fonction des surfaces qu’elles concernent.
Si la matière première d’intérêt est importée de plusieurs endroits, on détermine son score biodiversité (Figure 2, étape 2) comme une pondération des scores des systèmes de production en fonction de la surface que ces exploitations recouvrent.
Enfin, l’impact biodiversité d’un produit composé de plusieurs matières premières (Figure 2, étape 3) prend en compte les scores de tous les ingrédients qui le composent, pondérés selon leur présence dans le produit.
Notre approche est synthétisée par la Figure 2 en utilisant l’exemple du blé dans des biscuits :

Cas d’étude
Afin de comprendre son fonctionnement et son utilité, nous l’appliquons à une situation fictive :
- Une entreprise qui fabrique des biscuits se fournit en blé dans une ferme A (60%) et une ferme B (40%).
- Ces deux fermes adoptent des pratiques d’agriculture régénératrice distinctes récapitulés dans le Tableau 2

Résultats
Selon le type de pratique mis en place, le score biodiversité peut différer mais reste inférieur à celui d’une agriculture conventionnelle. Comme présenté en Figure 3, la prise en compte de la géographie (fragilité des écosystèmes) peut modifier cet écart.

De plus, la biodiversité, c’est une histoire de temps ! Il est alors intéressant de déterminer des trajectoires et d’estimer les bénéfices pour la biodiversité des pratiques adoptées dans le temps (Figure 4). Quatre ans de pratiques régénératrices sur les sols et les paysages permettent par exemple à la ferme A de réaliser un bénéfice de 22% pour la biodiversité.

Quelle utilité à l’échelle entreprise ?
Cette méthode permet aux entreprises d’intégrer des critères biodiversité dans la stratégie d’approvisionnement et de sourcing agricole en s’appuyant sur des indicateurs robustes pour évaluer et comparer leurs impacts. Les entreprises peuvent alors orienter de manière sûre leur éco-conception pour progresser vers des produits plus respectueux du vivant.
Conclusion
Nous travaillons les données terrain pour évaluer un score biodiversité à 3 échelles :
-
- Système de production
- Commodité agricole
- Produit
Nous comparons ensuite ces scores à ceux d’une agriculture conventionnelle pour évaluer l’impact positif des nouvelles pratiques. Cette notation permet une évaluation continue de la progression sur le spectre de l’agriculture régénératrice, avec la possibilité de prendre en compte ces améliorations dans le reporting de l’entreprise.
Sayari se place au plus proche des connaissances pour aider les entreprises et organismes à valoriser de manière continue leurs efforts dans l’instauration de pratiques régénératrices. Avec la méthode PBF+, il est nous est possible d’intégrer les pratiques agricoles dans la quantification des impacts, et d’en déterminer les bénéfices par rapport à une situation de référence.
Pour aller plus loin
Retrouvez notre webinaire avec Nestlé présentant la méthode PBF +!
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Références bibliographiques
Product Biodiversity Footprint – A novel approach to compare the impact of products on biodiversity combining Life Cycle Assessment and Ecology, Asselin et al. (2020)
Valuing Biodiversity in Life Cycle Impact Assessment, Lindner et al. (2019)
A new predictive indicator to assess contribution of French food labels to biodiversity, Dallaporta, B.; Asselin, AC; Wermeille, A.; Sautereau, N.; Bockstaller, C. (2022)
Membre du Comité consultatif technique du PEF (Product Environmental Footprint).
Membre du comité des partenaires de l’affichage environnemental